Nous célébrons le 75e anniversaire de la fondation de la République populaire démocratique de Corée.
Le 9 septembre 1948 est une date significative, car, riche d'une histoire de plus de 5 000 ans, la Corée est non seulement l'une des plus anciennes civilisations du monde, mais aussi un des premiers pays à avoir accédé à l'indépendance après la libération en 1945.
La République populaire démocratique de Corée est l’héritière directe de la résistance à la colonisation japonaise, conduite par le futur Président Kim Il Sung. Mais nous devons nous souvenir des conditions dans lesquelles la Corée a accédé à l’indépendance et dans lesquelles la République populaire démocratique de Corée est née, tant ces conditions éclairent la situation actuelle.
Nous n'ignorons pas non plus la contribution de la République populaire démocratique de Corée, farouchement attachée aux principes d’indépendance et de souveraineté, pour la défense de la paix en Corée, en Asie et dans le monde.
Ayant fixé arbitrairement au niveau du 38e parallèle la limite entre la zone d’occupation soviétique en Corée et la leur, les Etats-Unis d’Amérique débarquèrent leurs troupes au sud de cette ligne le 8 septembre 1945, soit trois semaines après la capitulation japonaise.
Au sud du 38e parallèle, le gouvernement militaire mis en place par les Etats-Unis s'appuya sur les anciens collaborateurs de l'occupant japonais, lesquels se virent confier de hautes fonctions dans la nouvelle administration. En même temps, dans le nord de la Corée, les comités populaires, créés spontanément dans toute la Corée dès la libération, étaient issus des rangs de la résistance contre la colonisation japonaise. Présente au nord du 38e parallèle, l'Union soviétique laissa l'administration à ces comités.
Les hommes choisis par les Etats-Unis pour administrer la partie sud de la péninsule coréenne, s’appuyant sur les puissances étrangères, appelèrent à la formation d'un gouvernement dans la seule Corée du Sud, décision qui émut jusqu’aux Coréens nationalistes de droite car elle entérinerait la partition de leur nation plurimillénaire.
Dans le même temps, les partis de gauche demandaient des réformes économiques dans le sud de la Corée, s'inspirant de l'exemple de la partie nord : réforme agraire en mars 1946 redistribuant les terres à 70 % des paysans ; abaissement de la durée quotidienne de travail à huit heures en juin 1946 ; loi sur l'égalité entre les hommes et les femmes en juillet 1946 ; nationalisation de 90 % des entreprises ; etc. Face à ces revendications, une répression féroce se mit en place en Corée du Sud.
Quant à la question d'une Corée unie et indépendante, elle était désormais dans les mains de l'Organisation des Nations unies, alors dominée par les Etats-Unis et les pays qui leur étaient favorables. En 1948, l’ONU décida d’organiser des élections séparées dans la seule moitié Sud.
La contestation la plus vive eut lieu dans l'île de Jeju en avril 1948 : les manifestants s'opposèrent aux élections séparées et réclamèrent le départ des troupes américaines. La
répression fit 80 000 morts.
L'assemblée élue le 10 mai 1948, à l'issue d'un scrutin boycotté par la majorité des partis et s'étant tenu dans la seule partie sud (à l'exception de Jeju), aboutit à la création d’une République de Corée au sud de la péninsule coréenne.
Avant ce scrutin, en avril 1948, les opposants à la tenue d'élections séparées au sud, dont les nationalistes Kim Ku et Kim Kyu-sik, se réunirent à Pyongyang, à l'invitation du dirigeant du Comité populaire de Corée du Nord, Kim Il Sung, partisan d’une grande union nationale,
transcendant les différences idéologiques. Leur programme commun comportait le départ des troupes étrangères, l'établissement d'un gouvernement et d'une assemblée pour toute la Corée, ainsi que l'invalidation des élections prévues au sud de la Corée.
Prenant acte de l'établissement d'un gouvernement séparé de la partie sud de la Corée, les dirigeants de la partie nord organisèrent des élections le 25 août 1948 dans toute la Corée, clandestinement dans la partie sud.
Les 572 députés de la première Assemblée populaire suprême (212 députés du nord et 360 députés du sud) se réunirent en session à Pyongyang du 2 au 10 septembre 1948. Le 9 septembre, l’Assemblée populaire suprême proclama la République populaire démocratique de Corée et l’ancien chef de la résistance anti-japonaise et dirigeant du Comité populaire de Corée du Nord, Kim Il Sung, fut élu Premier ministre de la nouvelle République.
Au sud, à la fin de l'année 1948, des voix continuaient d’appeler au retrait des troupes étrangères, ainsi qu'à la reprise des discussions entre les deux parties de la Corée. Les dirigeants sud-coréens répondirent en instaurant la loi de sécurité nationale, toujours en vigueur en Corée du Sud, interdisant tout contact avec la Corée du Nord. Dans la vague d'exécutions et d'arrestations qui suivit, le nationaliste de droite Kim Ku, alors âgé de 72 ans, ancien président du gouvernement provisoire de la République de Corée pendant l'occupation japonaise, fut lui-même assassiné en juin 1949 par la police secrère sud-coréenne.
La division de la Corée, contre la volonté des Coréens et par le jeu des grandes puissances, portait en germe le conflit fratricide à venir, et qui perdure aujourd'hui faute d'un véritable traité de paix en Corée. Nous devons donc être reconnaissants à la République populaire démocratique de Corée d'avoir été, dès avant sa constitution en tant qu'Etat, à la pointe du combat contre la division et donc pour la paix.
Le 8 septembre 1988, dans son discours célébrant le 40e anniversaire de la fondation de la République populaire démocratique de Corée, le Président Kim Il Sung pensait sûrement à ces mois de 1948, où se mélangèrent joies et déceptions pour tout un peuple, quand il déclara:
« Préconiser la réunification c’est vouloir l’indépendance nationale et aimer la patrie, tandis que réclamer la division c’est vouloir recourir aux forces étrangères et trahir la patrie. Il est inadmissible de chercher à utiliser le dialogue pour justifier ses actes tendant à trahir l’aspiration de toute la nation à la réunification et à se soumettre aux forces étrangères pour consacrer et légitimer la division. »
La réunification de la Corée est le grand dessein de tous les dirigeants de la République populaire démocratique de Corée depuis sa fondation.
Au cours de ses 75 ans d’existence, la République populaire démocratique de Corée a porté trois texte fondamentaux qui constituent le seul programme pertinent pour une réunification de la Corée par les Coréens eux-mêmes, dans la paix et l'indépendance et transcendant les différences d'idéologie au Nord et au Sud:
- les trois principes de la réunification de la patrie,
- le projet de fondation d’une République fédérale démocratique du Coryo,
- le programme en dix points pour une grande union de toute la nation en faveur de la réunification de la patrie.
C'est forte de ce programme que la République populaire démocratique de Corée a accueilli les premiers sommets inter-coréens des 15 juin 2000 et 4 octobre 2007, lesquels ont posé de nouveaux jalons sur la voie de la réunification de la Corée, malheureusement mis à mal par les forces d’un impérialisme qui ne veut pas d’une Corée en paix et a fortiori réunifiée, car cela contre-carrerait l’objectif d’une domination mondiale passant nécessairement par la suprématie en Asie de l’est, une des région les plus dynamiques du monde et dont la Corée constitue un verrou stratégique.
Face à ces forces hostiles, en 75 ans d’existence, la République populaire démocratique de Corée a surmonté de nombreux obstacles sur la voie de l’édification d'un pays puissant et prospère.
Dans les années 1990, dans un contexte international nouveau, marqué par l'écroulement du socialisme dans de nombreux pays, et dans des circonstances économiques sans précédent, alors que des catastrophes naturelles affectaient durement le peuple coréen, le Dirigeant Kim Jong Il a pris les mesures nécessaires à la consolidation du système socialiste tout en mettant l'accent sur la modernisation technologique. C’est ainsi, notamment, que la République populaire démocratique de Corée a pu s’engager sur la voie de la conquête spatiale.
Au prix de nombreux efforts, la République populaire démocratique de Corée est aussi devenue une puissance nucléaire, alors que les Etats-Unis brandissent contre elle la menace de l’utilisation de l’arme atomique depuis le début des années 1950. Une chanson nord-coréenne dit:
« Nous aimons la paix mais nous ne mendierons pas pour l'avoir. »
Pour ses inlassables efforts afin de réparer l’injustice historique que constitue la division de la Corée, pour son esprit d’indépendance, pour son attachement à paix, nous félicitons la République populaire démocratique de Corée à l'occasion de son 75e anniversaire, et nous nous félicitons d'être les amis du courageux peuple coréen!
le Bureau national de l’Association d’amitié franco-coréenne
Paris, le 9 septembre 2023